Un hommage - HUGUETTE & NADINE. Histoire d’une amitié.

Du 27 septembre au 14 octobre 2023 - Galerie Janine Rubeiz, Beyrouth, Liban.

  • HUGUETTE & NADINE

    La galeriste Nadine Begdache et l'artiste Huguette Caland à la galerie Janine Rubeiz, Beyrouth, Liban.

  • HUGUETTE chez NADINE.

    Huguette chez Nadine. Exposition à la galerie Janine Rubeiz. 28. 09. 2023.

Huguette & Nadine. Histoire d’une amitié.
___

Claude Lemand :
Chère Brigitte, Je suis très touché par ton ini­tia­tive et le titre de cette magni­fi­que expo­si­tion que tu orga­ni­ses pour célé­brer l’amité entre Huguette et Nadine. Je sou­haite m’y asso­cier sous la forme d’un hom­mage fra­ter­nel, et je serai de tout coeur avec vous toutes et vous tous.
J’espère que nous pour­rons orga­ni­ser à Paris, à l’Institut du monde arabe, la grande rétros­pec­tive que mérite, - au plus tard en 2031, l’année du cen­te­naire de la nais­sance de votre maman, - la grande artiste HUGUETTE CALAND.
___

Brigitte Caland :
«  Hu­guette avait la joie de vivre et tout était pos­si­ble… Sa liberté et sa façon de penser pre­nait le dessus et elle t’entraî­nait avec elle  », c’est ce qu’évoque avec beau­coup de ten­dresse Nadine Begdache en par­lant de son amie, l’artiste Huguette Caland.

C’est en 1993 que Nadine, qui vient d’ouvrir la gale­rie Janine Rubeiz, pro­pose à Huguette une expo­si­tion à Beyrouth. Séduite par l’idée, cette der­nière accepte immé­dia­te­ment. En 1994, quel­ques mois avant le ver­nis­sage, Huguette s’ins­talle à Adma dans une maison mise à sa dis­po­si­tion par son fils Pierre. La vue sur la baie de Jounieh ravive des sou­ve­nirs  : la maison de ses parents à Kaslik qui devient celle de la famille pen­dant une dizaine d’années, son pre­mier ate­lier dans le jardin de la pro­priété, les déjeu­ners du diman­che avec les nou­veaux amis de l’AUB, sa pre­mière expo­si­tion avec Helen Khal... Là, sur les hau­teurs, elle tra­vaille sans relâ­che et crée la pre­mière série de Faces and Places.

Si le Liban des années 90 est marqué par la recons­truc­tion de Beyrouth, par l’énergie et l’enthou­siasme de tout un pays au sortir de la guerre, pour Huguette Caland ces années cali­for­nien­nes sont plus dif­fi­ci­les. Ce sera donc grâce à Nadine qui reconnaît la valeur du tra­vail, à sa pro­gram­ma­tion régu­lière qui fidé­lise le public liba­nais puis plus tard celui du Golf, qu’Huguette peut enfin vivre de son métier d’artiste.

La pre­mière expo­si­tion Faces and Places en 1994 déconcerte le public liba­nais ­qui sera tou­te­fois séduit par celle de 1997. C’est le début d’une col­la­bo­ra­tion qui durera vingt-cinq ans au cours des­quels Nadine et Huguette sont en rap­port per­ma­nent, dans une sorte de consul­ta­tion inin­ter­rom­pue. Presque tous les soirs avant de se cou­cher, Nadine appelle Huguette qui com­mence sa jour­née à Los Angeles  ; elles bavar­dent, Nadine lui raconte ce que les clients dési­rent, les tailles et les cou­leurs des œuvres qu’ils sou­hai­tent. Huguette, exci­tée par cette aven­ture, est tou­jours par­tante. «  Elle était très sérieuse, et bien qu’elle se soit tou­jours sentie libre de faire ce qu’elle vou­lait, elle était cons­cien­cieuse et moti­vée  » ajoute Nadine. Tout est facile entre elles, elles par­lent de tout, rigo­lent sou­vent et lorsqu’elles se retrou­vent c’est comme si elles s’étaient quit­tées la veille. Nadine se rend chez Huguette en Californie à trois repri­ses dans les années 1990 et les deux se voient aussi régu­liè­re­ment à Paris lorsqu’elles y sont de pas­sage. Là, atta­blées à une ter­rasse place de l’Alma, face à la tour Eiffel, elles boi­vent un verre, rient d’un rien et par­ta­gent de déli­cieux repas.

Lors des ver­nis­sa­ges au Liban, Huguette retrouve les amis, la famille et les col­lec­tion­neurs de tous âges qui com­men­cent à suivre son tra­vail et Nadine évoque non seu­le­ment l’impact qu’ont cer­tai­nes expo­si­tions comme L’argent (ne fait pas le bon­heur mais y contri­bue lar­ge­ment), Mes jeunes années, la rétros­pec­tive au Beirut Exhibition Center mais également l’exem­ple qu’Huguette devient pour les artis­tes émergents.

A partir de 2013, lors­que Huguette revient au Liban et s’ins­talle à Kfarhbeib, Nadine, mal­gré l’état des routes et la cir­cu­la­tion infer­nale entre Beyrouth et Jounieh lui rend visite une fois par semaine ; sou­vent ce jour-là elles déjeu­nent ensem­ble et Huguette déjà malade fait encore des plans. A partir du mois de mars 2018 Huguette démé­nage à Beyrouth pour y passer les der­niers mois de sa vie et Nadine, sa voi­sine du 7ème étage, passe la voir régu­liè­re­ment lui appor­tant une kebbeh arna­biyyeh ou un autre de ses plats pré­fé­rés.

Avec une pointe de nos­tal­gie, Nadine confie  : « C’est vrai que ce furent mes plus belles années  : le tra­vail était une joie, un plai­sir, les échanges très cor­diaux, ouverts, authen­ti­ques. J’aurais sou­haité que cela dure encore, cela me semble avoir été trop court ». De cette com­pli­cité il reste des sou­ve­nirs heu­reux, des photos de ver­nis­sa­ges et d’anni­ver­sai­res mais pas de trace de conver­sa­tions télé­pho­ni­ques ou de la rela­tion épistolaire entre­te­nue par fax. Alors, à l’occa­sion des trente ans de la gale­rie Janine Rubeiz, cette expo­si­tion pro­pose, à tra­vers des moments phares, de retra­cer la col­la­bo­ra­tion et l’amitié qui s’établit au fil du temps entre Huguette Caland et Nadine Begdache.
___

About the artist
Born in Beirut in 1931, Huguette Caland (née El Khoury) took her first pain­ting les­sons at 16 with Manetti, an Italian artist living in Lebanon. Following the pas­sing of her father, Beshara El Khoury, one of the foun­ders of the Lebanese inde­pen­dence and its first pre­si­dent, Caland deci­ded to pursue her dream to become an artist.

After spen­ding four years at the American University of Beirut where she stu­died Fine Arts, Caland moved to Paris in 1970. Liberated from social obli­ga­tions she was able to blos­som and meet many contem­po­rary artists. In 1987, she moved to California where she esta­bli­shed the studio of her dreams.

Caland’s art is regu­larly fea­tu­red in solo exhi­bi­tions or in group shows all over the world and was acqui­red by Centre Pompidou, La Bibliothèque Nationale, MoMA, The Metropolitan Museum-New York, The Tate, The British Museum, LACMA, Armand Hammer, Museum of Fine Art Houston, San Diego Museum of Art, Palm Spring Museum of Art, Sharjah Art Foundation, as well as pri­vate col­lec­tions in the United States of America, the Middle East, and Europe…

From May to October 2024, Huguette Caland’s pain­tings of the 70s will be fea­tu­red in a solo show at ICA Miami and from November 2024 to January 2025, an impor­tant retros­pec­tive cove­ring the five deca­des of her career will be held at Reina Sofia Museum in Madrid.

Caland passed away on September 23rd, 2019, at the age of 88.

Copyright © Galerie Claude Lemand 2012.

Réalisation :: www.arterrien.com