OEUVRE de la SEMAINE - ZOULIKHA BOUABDELLAH - Le Sommeil

Du 28 janvier au 4 février - Galerie Claude Lemand

  • BOUABDELLAH, Le Sommeil.

    Le Sommeil (Hommage à Gustave Courbet), 2019. Laque rouge sur papier, 160 x 280 cm. Edition 3/3. © Zoulikha Bouabdellah. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

Zoulikha BOUABDELLAH, Le Sommeil (Hommage à Gustave Courbet), 2016-2019. Laque rouge sur huit papiers, 160 x 280 cm. © Zoulikha Bouabdellah. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

- Présentation par Anissa Bouayed

L’art de Zoulikha Bouabdellah est un moyen non-neutre de parler de notre monde, d’en contes­ter cer­tains aspects, de vou­loir le trans­for­mer - un art trans­gres­sif, dont on retrouve l’inten­tion­na­lité dans des œuvres dénon­çant des situa­tions long­temps consi­dé­rées comme nor­ma­ti­ves, comme la ques­tion du genre ou celle de la place faite aux femmes dans l’ordre patriar­cal domi­nant.

Les der­niè­res œuvres de Zoulikha Bouabdellah témoi­gnent d’une atten­tion sou­te­nue aux œuvres de l’his­toire de l’art euro­péen pour les acti­ver, les faire parler à nou­veau, aujourd’hui, non pas du passé mais du pré­sent, en les regar­dant à partir d’inten­tions esthé­ti­ques et poli­ti­ques actuel­les. Non que l’artiste ait aban­donné l’autre pan de sa créa­tion, qui puise dans sa culture musul­mane les éléments qu’elle remo­dèle selon ses objec­tifs créa­tifs. Mais elle s’attelle à la cons­truc­tion d’une œuvre ample, qui témoi­gne dans son évolution même, dans la mul­ti­pli­cité des cen­tres d’inté­rêt et l’élargissement des thé­ma­ti­ques, d’une cons­cience à l’échelle du monde.

Dans Le Sommeil, le tracé suit les cour­bes de deux corps. Le trait est ina­chevé, sus­pendu, sa cou­leur rouge mono­chrome nous ren­voie au sang, sym­bole de vie et au rouge sen­suel du plai­sir char­nel, que la pose amou­reuse des deux corps noués dans le som­meil sublime, conser­vant cette belle manière de Courbet d’évoquer le plai­sir fémi­nin et le saphisme dans le contexte social rigo­riste qui était le sien.

Zoulikha enjambe les siè­cles pour signi­fier que les ques­tions du contrôle social sur les femmes ne sont pas encore réglées et met en place ce dis­po­si­tif par­cel­laire qui nous fait men­ta­le­ment nous sou­ve­nir de l’œuvre citée dans son inté­gra­lité, alors qu’elle ne pro­pose que des mor­ceaux de corps, orga­ni­sés autour d’un centre vide, qui nous happe comme dans un ver­tige et éveille en nous un refus du mor­cel­le­ment.

Copyright © Galerie Claude Lemand 2012.

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