OEUVRE de la SEMAINE - KHALED TAKRETI - Joujoux, Hiboux, Cailloux

Du 22 au 28 janvier - Galerie Claude Lemand

  • Takreti, Joujoux, Hiboux, Cailloux (Les Grands Enfants).

    Joujoux, Hiboux, Cailloux (Les Grands Enfants), 2007-2008. Acrylique sur papier sur toile, 130 x 320 cm. © Khaled Takreti. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

Khaled TAKRETI, Joujoux, Hiboux, Cailloux (série Les Grands Enfants), 2007-2008. Technique mixte sur papier épais, 130 x 320 cm.

Khaled Takreti est syrien, né en 1964 à Beyrouth. Il part étudier à l’uni­ver­sité de Damas l’archi­tec­ture et le design ainsi que la gra­vure, avant de se consa­crer à la pein­ture, qui devien­dra une pas­sion et une thé­ra­pie, à partir des années 1990. Après avoir séjourné en Egypte et aux Etats-Unis, il s’ins­talle à Paris au début des années 2000.

« Ces dif­fé­rents lieux de rési­dence ont contri­bué à forger le ques­tion­ne­ment qu’il porte sur les notions d’iden­tité et d’ori­gine, qui se concen­tre moins sur les aspects géo­gra­phi­ques ou cultu­rels que sur ses raci­nes fami­lia­les. Cela expli­que sans doute la pré­sence récur­rente, dans son œuvre, de por­traits de famille, en par­ti­cu­lier de sa mère. Chaque tableau devient alors la page d’un jour­nal intime. Cependant, loin de se replier sur un drame per­son­nel, Khaled Takreti s’ouvre, au fil des années, sur une pers­pec­tive plus uni­ver­selle, à laquelle les conflits inter­nes syriens et liba­nais - tant poli­ti­ques que socié­taux - ne sont pas étrangers.

Son lan­gage pic­tu­ral, très proche du Pop art, lui permet d’abor­der les tra­vers du monde qui l’entoure (par exem­ple les excès liés à la société de consom­ma­tion, les res­tric­tions de la liberté) avec un humour sar­cas­ti­que teinté d’auto­dé­ri­sien, lorsqu’il inclut sa propre image dans sa com­po­si­tion. Cet humour, tou­te­fois, repose sur un évident fond de sérieux ; il semble cor­res­pon­dre à la magis­trale défi­ni­tion qu’en don­nait Chris Marker « la poli­tesse du déses­poir » et tra­duit tou­jours un second degré.

Ses toiles sont expo­sées sur la scène inter­na­tio­nale et sont conser­vées dans des col­lec­tions pri­vées et publi­ques : Musée National Syrien, Musée Arabe d’Art Moderne de Doha, Musée de l’Institut du monde arabe, Musée de l’his­toire de l’Immigration. » (Thierry Savatier)

Joujoux, Hiboux, Cailloux a été réa­li­sée en 2007. Khaled Takreti vient de s’ins­tal­ler à Paris, après avoir suivi son par­te­naire. S’ensui­vent neuf mois d’iso­le­ment et d’enfer­me­ment dans leur appar­te­ment. Khaled Takreti a besoin de temps ; il entre dans une créa­tive intros­pec­tion dont naî­tront neuf toiles, réa­li­sées pen­dant ces neuf mois coupé du monde. Le même visage y est repro­duit inlas­sa­ble­ment, celui de son com­pa­gnon qui devient enfant, mère, père, ami. Cet enfer­me­ment créa­tif don­nera lieu à une der­nière toile monu­men­tale et magis­trale, réel condensé de cette quête inté­rieure. Joujoux, Hiboux, Cailloux met ainsi en scène le même visage, celui de l’être aimé, le seul que Khaled voit et redé­cou­vre jour après jour pen­dant neuf mois.

Ces per­son­na­ges colo­rés, pit­to­res­ques et par­fois lou­fo­ques, n’arri­vent pas à cacher la grande mélan­co­lie qui se dégage des regards et des pos­tu­res. La com­po­si­tion linéaire et la décou­verte fron­tale des visa­ges cloi­son­nent, enfer­ment pres­que chaque per­son­nage dans son indi­vi­dua­lité. La ren­contre, l’échange entre les pro­ta­go­nis­tes est impos­si­ble, allé­go­rie à la fois de la proxi­mité de la vie ensem­ble et de l’éloignement, de la soli­tude de la vie moderne que la domes­ti­cité ne peut seule résou­dre. « Les visa­ges impas­si­bles ne révè­lent rien des trau­ma­tis­mes ou de ce qui cimente les rela­tions de tous ces per­son­na­ges entre eux. Le faux-sem­blant des vête­ments, réa­li­sés à partir de col­la­ges, et l’effa­ce­ment des sil­houet­tes, recou­ver­tes d’une cou­leur uni­forme, rom­pent avec toute recher­che de véra­cité et concou­rent à une cer­taine forme d’indif­fé­rence visuelle. » (Khaled Takreti)

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