Adieu cher MELEHI. Beyrouth, le Liban et le Monde arabe te disent MERCI !

Du 29 octobre au 29 décembre 2020 - Fonds Claude & France Lemand-IMA

  • MELEHI, Portrait au chapeau.

    Mohamed Melehi, Portrait au chapeau, 2014.

  • MELEHY, Beyrouth.

    Beyrouth, 2020. Acrylique sur toile, 220 x 170 cm. © Succession Mohamed Melehi. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

Adieu cher MELEHI. Beyrouth, le Liban et le Monde arabe te disent MERCI !
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Mohamed MELEHI nous a quit­tés. Il était le der­nier grand repré­sen­tant vivant de la moder­nité maro­caine. Nous pré­sen­tons nos plus sin­cè­res condo­léan­ces à son épouse Khadija, à ses enfants et à tous ses pro­ches. Nous nous joi­gnons à ses très nom­breux amis et admi­ra­teurs, au Maroc et dans le Monde, pour rendre hom­mage à sa per­son­na­lité si atta­chante et à son œuvre admi­ra­ble.
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Hommage à Beyrouth.
Je l’avais appelé dès le len­de­main des explo­sions du 4 août. Généreux comme à son habi­tude, il avait accueilli avec enthou­siasme mon invi­ta­tion à rendre hom­mage à Beyrouth, la ville-lumière du Proche-Orient qu’il avait connue. Il avait appelé Beyrouth le grand et der­nier tableau qu’il avait peint, en hom­mage d’amitié et de soli­da­rité avec le Liban. Il sera exposé à l’Institut du monde arabe, avec les autres oeu­vres de l’Hommage à Beyrouth - Salâmun li Bayrût, qui seront dis­per­sées en avril 2021 par Christie’s Paris.

Cette pein­ture de Mohamed MELEHI est riche de toutes les inven­tions de l’abs­trac­tion géo­mé­tri­que, mais ses formes et ses cou­leurs sont bien concrè­tes et sym­bo­li­ques, une syn­thèse de ce que Beyrouth et le Liban repré­sen­taient pour lui :

le BLANC (des mon­ta­gnes ennei­gées, de la clarté et du rayon­ne­ment de sa culture, …), le BLEU (des vagues de la mer, du ciel, de l’espoir, …), le VERT (des cèdres du Liban, des col­li­nes ver­doyan­tes, de la vie, …), le ROUGE (des com­bats pour l’indé­pen­dance, la liberté, la jus­tice sociale, mais aussi les flam­mes des explo­sions et des incen­dies qui ont détruit Beyrouth au cours des siè­cles, jusqu’à ceux du 4 août, …), le GRIS (des cen­dres de la ville, des forêts ver­doyan­tes brû­lées, de la gri­saille de la vie sociale à laquelle la popu­la­tion est condam­née depuis des années, ...) et le NOIR (du port et de la ville cal­ci­nés, du deuil de tant de morts et de mal­heurs d’un peuple, de l’idéo­lo­gie obs­cu­ran­tiste et mor­bide qui a déferlé sur toute la région pour détruire toute trace de civi­li­sa­tion, éteindre la flamme de la liberté et plon­ger dans le noir Beyrouth, la ville-lumière du Proche-Orient !).
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Mohamed MELEHI.

Considéré comme une figure majeure de l’art moderne et contem­po­rain maro­cain et mon­dial, Mohamed Melehi (né au Maroc en 1936) nous a quit­tés le 28 octo­bre 2020 des suites d’une conta­mi­na­tion au virus de la covid-19. Cette perte tra­gi­que, pour un créa­teur qui rayonne sur la scène artis­ti­que depuis la fin des années 1950, nous plonge dans une peine pro­fonde pour sa famille et ses pro­ches. Ce poète visuel et ardent défen­seur de la liberté créa­trice et de l’art pour tous, n’était pas seu­le­ment pein­tre mais également pho­to­gra­phe, mura­liste, desi­gner gra­phi­que, péda­go­gue et acti­viste cultu­rel.

Melehi incarne à lui seul la pro­fonde filia­tion du Maroc avec le mou­ve­ment moderne et contem­po­rain ; au-delà même du Maroc, de son pro­fond sen­ti­ment d’appar­te­nance à une vaste com­mu­nauté d’esprits incluant les arts d’Afrique, de la Méditerranée et ceux du Monde arabe, de Casablanca à Bagdad.

Il n’est pas d’aven­ture artis­ti­que plus exal­tante que celle incar­née par Melehi depuis les années 1950, ses expé­ri­men­ta­tions abs­trai­tes, de Rome à New York, jusqu’à la pleine matu­ra­tion de la vague, son motif emblé­ma­ti­que, dans les années 1970 et jusqu’à aujourd’hui.

Melehi a joué un rôle majeur dans le déve­lop­pe­ment local de la péda­go­gie artis­ti­que et des pra­ti­ques expé­ri­men­ta­les au Maroc. Durant les années 1960, aux côtés de Farid Belkahia, Mohamed Chabâa, Toni Maraini et Bert Flint, il contri­bue à un tour­nant his­to­ri­que de l’éducation artis­ti­que, au sein de l’École des beaux-arts de Casablanca. Une école regrou­pant dif­fé­rents ate­liers de pein­ture, sculp­ture, déco­ra­tion, gra­phisme et cal­li­gra­phie-typo­gra­phie, encou­ra­geant les étudiants à aller au-delà de l’his­toire de l’art occi­den­tal, pour s’inté­res­ser à la pro­duc­tion artis­ti­que et arti­sa­nale locale.

Melehi, qui a tou­jours porté le flam­beau pour les artis­tes de son pays et au-delà, a notam­ment occupé, entre 1985 et 1992, un poste au minis­tère de la Culture du Maroc, contri­buant au déve­lop­pe­ment d’espa­ces d’art et d’ins­ti­tuts cultu­rels. Entre 1999 et 2002, il tra­vaille également comme consul­tant cultu­rel au minis­tère des Affaires étrangères. Parmi ses quel­ques expo­si­tions rétros­pec­ti­ves, celle que lui consa­cre l’Institut du monde arabe en 1995 repré­sente un jalon his­to­ri­que, pour une ins­ti­tu­tion qui se sen­tira tou­jours liée à l’héri­tage mul­ti­cultu­rel de cet artiste hors-norme.

La richesse de son par­cours per­son­nel mais aussi de ses col­la­bo­ra­tions à tra­vers le monde et les réseaux mili­tants et artis­ti­ques dans les­quels Melehi a joué un rôle fon­da­men­tal sont tous révé­lés et mis en lumière dans une expo­si­tion récente : Mohamed Melehi and the Casablanca Art School Archives, The Mosaic Rooms, London / MACCAL, Marrakech / Alserkal Arts Foundation, Dubai, 2019-2020. Commissariat : Zamân Books & Curating.

Copyright © Galerie Claude Lemand 2012.

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