04.08.2020. - Devoir de MEMOIRE, de VERITE, de JUSTICE et de SOLIDARITE.
Claude Lemand
" En ce jour anniversaire des explosions funestes du 4 août 2020, qui ont détruit le port de Beyrouth et une partie de la ville, causé la mort de 216 innocents, blessé des milliers d’habitants et de travailleurs immigrés et plongé le pays dans l’horreur, le chaos, la pauvreté et la désespérance … par la faute de clans dominants, de dirigeants incompétents et corrompus, qui n’ont aucun sens de l’Etat ni du bien public ni du peuple libanais, et qui, depuis des décennies, ne défendent que leurs intérêts. Ils ont plongé le Liban dans un chaos politique, économique, financier, social, sanitaire et même culturel - voire dans l’obscurantisme pour une partie de sa population.
Mais le Liban reste un pays d’où jaillit la lumière, même du plus profond des ténèbres.
Nous avons un devoir de mémoire, de vérité, de justice et de solidarité avec le peuple libanais et le monde des arts et de la culture de ce cher pays. Nous sommes en colère, nous sommes tristes, mais nous voulons témoigner de la face lumineuse d’un autre Liban, creuset de civilisations et de cultures disséminées à travers les cinq continents. Ce Liban, inventeur de la marine marchande et de l’alphabet, facteur de liens millénaires entre les peuples, créateur à la fin du dix-neuvième siècle de la Nahda laïque et anticléricale, cette renaissance de la langue, des lettres et de la pensée politique et sociale d’un nouveau Monde arabe moderne, libéré autant du joug des Ottomans que des croyances et des interdits de religions et de sociétés sclérosées et féodales.
Depuis un an, nous n’avons eu de cesse d’aider le monde des arts et de la culture du Liban à transformer la tragédie en actions positives, prendre des initiatives pour marquer notre solidarité et rendre hommage à Beyrouth, … pour démontrer combien ce petit pays est grand, et qu’il a quelque chose de particulier à offrir au monde, malgré tous ses malheurs. Non, le Liban n’est pas que le Liban, il dépasse de loin ce petit pays et ce petit peuple et a des résonances partout dans le monde.
Certes, notre action n’est qu’une goutte d’eau fraîche sur le visage de ce pays meurtri, mais nous avons au moins la satisfaction d’avoir pu motiver, soutenir et même enthousiasmer de nombreux artistes, de toutes disciplines et de toutes générations. Je tiens ici à saluer leur créativité exceptionnelle, les remercier du fond du cœur pour leur générosité, comme celle des galeristes et des collectionneurs passionnés qui ont permis d’enrichir la collection d’art moderne et contemporain du musée de l’Institut du monde arabe et la rendre si unique parmi les institutions d’Europe, des Amériques et d’Extrême-Orient."