GAZA, où meurt notre humanité.

Du 7 décembre 2023 au 30 mars - Galerie Claude Lemand

  • CHOUKINI, Petit Prince. Enfant de Gaza.

    Petit Prince. Enfant de Gaza, 2010. Bronze original, 120 x 52 x 34 cm. Signé et numéroté. Edition de 6 + AP. Claude Lemand Editeur d'Art, Paris. © Chaouki Choukini. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • Choukini, Petit Prince. Enfant de Cana

    Chaouki Choukini, Petit Prince. Enfant de Cana, 2007. Bois iroko, 175 x 85 x 35 cm. Collection Mathaf, Musée du Qatar, Doha. © Chaouki Choukini. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • Dia Al-Azzawi, Window I.

    Window I, 2000. Acrylique sur une boîte en bois, 40,5 x 40,5 x 5,5 cm.Collection privée. © Dia Al-Azzawi. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

Gaza, où meurt notre huma­nité.

Edwy Plenel. Mediapart, 7 décem­bre 2023.

Ce n’est pas seu­le­ment une huma­nité concrète, celle des vies irré­mé­dia­ble­ment per­dues, qui se meurt au Proche-Orient. C’est l’idée même d’une huma­nité com­mune que ruine la ven­geance sans frein ni limi­tes de l’État d’Israël contre la popu­la­tion pales­ti­nienne de Gaza, en riposte au mas­sa­cre commis par le Hamas.

« Quand tu mènes tes guer­res, pense aux autres. N’oublie pas ceux qui récla­ment la paix. », dit le poète pales­ti­nien et uni­ver­sel Mahmoud Darwich (1941-2008) dans son poème Pense Pense aux autres. Penser aux autres. Ne pas s’enfer­mer dans une iden­tité close. Ne pas lais­ser l’émotion détruire l’empa­thie. Ne pas bar­ba­ri­ser l’autre au risque de se bar­ba­ri­ser soi-même. Ne pas renon­cer à cette élémentaire sen­si­bi­lité où s’exprime notre souci du monde et du vivant.

Contribuant à invi­si­bi­li­ser la dura­ble injus­tice faite au peuple pales­ti­nien, tant qu’Israël en occupe et colo­nise les ter­ri­toi­res (en vio­la­tion depuis 1967 des réso­lu­tions de l’ONU) et que ses gou­ver­nants lui refu­sent le droit de vivre dans un État sou­ve­rain (en vio­la­tion des accords d’Oslo de 1993), le dis­cours qui nour­rit cette insen­si­bi­lité fait comme si l’his­toire s’était arrê­tée le 7 octo­bre 2023, avec les mas­sa­cres commis par les com­bat­tants du Hamas qui ont fait 1 200 vic­ti­mes.

Brandi en pré­sent mons­trueux, sans passé ni futur, sans cause ni issue, cet événement ter­ri­fiant devient, pour les gou­ver­nants d’Israël et leurs alliés, l’alibi de leur aveu­gle­ment. Organisée par la pro­pa­gande étatique israé­lienne, la pro­jec­tion des images des tue­ries du 7 octo­bre, attes­tant de crimes de guerre, sert de jus­ti­fi­ca­tion à une riposte qui, elle-même, viole les lois de la guerre, trans­for­mant la contre-atta­que mili­taire face au Hamas en une ven­geance meur­trière indis­tincte contre la popu­la­tion pales­ti­nienne de Gaza.

À cette échelle de vio­lence, il ne s’agit pas de dom­ma­ges col­la­té­raux mais bel et bien d’une stra­té­gie guer­rière qui s’en prend au peuple tout entier dont est issu l’ennemi par­ti­cu­lier visé : but de guerre pro­clamé par Israël, l’anéan­tis­se­ment du Hamas, est devenu sous nos yeux la des­truc­tion de la bande de Gaza, de ses villes, de son his­toire et de sa socia­bi­lité, de son passé et de son futur, de ses lieux de vie et de tra­vail. Avec pour consé­quence ultime, l’effa­ce­ment de son peuple, expulsé de sa propre terre.

" Nous sommes pro­ches de l’heure la plus sombre de l’huma­nité. " (OMS, Gaza)

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