Chaouki CHOUKINI, Li Bayrout - Don au Musée de l’Institut du monde arabe + au Musée Sursock.

Du 16 janvier au 6 avril - Galerie Claude Lemand

  • CHOUKINI. Bronze - Li Bayrut.

    Li Bayrut (Pour Beyrouth), 2020. Bronze original, 153 x 65 x 30 cm. Claude Lemand Editeur d’Art, Paris. Fonderie Fusions, France. Edition de 7 + 3 E.A. Signées et numérotées. Donation Claude & France Lemand : 1/7 Musée de l'Institut du monde arabe, Paris. 2/7 Musée Sursock, Beyrouth, Liban. © Chaouki Choukini. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • CHOUKINI, Li Bayrut.

    Li Bayrut (Pour Beyrouth), 2020. Sculpture en bronze, 153 x 65 x 30 cm. Claude Lemand Editeur d’Art, Paris. Fonderie Fusions, France. Signées et numérotées. Edition de 7 + 3 EA. © Chaouki Choukini. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • CHOUKINI, Photo dans son atelier en Normandie 2020.

    Chaouki Choukini sculptant Li Bayrut dans son atelier en Normandie, le 5 mai 2020. © Chaouki Choukini. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

Chaouki CHOUKINI, Li Bayrout, 2020.

Donation Claude & France Lemand :
- Numéro 1/7. Musée de l’Institut du monde arabe, Paris.
- Numéro 2/7. Musée Sursock, Beyrouth, Liban.
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Thierry Savatier, his­to­rien de l’art.

Au cœur de l’œuvre du sculp­teur Chaouki Choukini, Li Bayrut (2020) s’ins­crit dans une sin­gu­la­rité née d’un événement tra­gi­que, l’explo­sion qui dévasta Beyrouth le 4 août 2020. Si les sculp­tu­res de l’artiste frap­pent géné­ra­le­ment par leur ver­ti­ca­lité, celle de Li Bayrut, tou­te­fois, ne se confond pas avec l’élan vers l’infini dont Le Corbusier ou Louis-Ferdinand Céline s’étonnaient en décou­vrant les gratte-ciels de New-York depuis l’océan. Ici, l’orga­ni­sa­tion for­melle semble pro­fon­dé­ment ancrer l’opus dans la terre ances­trale, tout en don­nant à voir, par les jeux de matière, les formes, les pleins, les évidements, les entailles et les reliefs savam­ment amé­na­gés, l’image du chaos. Ce n’est pas le moin­dre des para­doxes que de sug­gé­rer la soli­dité dans l’effon­dre­ment. L’esthé­ti­que sobre de l’ensem­ble y conduit pour une large part.

La sculp­ture ori­gi­nale fut exé­cu­tée, sui­vant l’habi­tude de Chaouki Choukini, en taille directe dans le bois. Un bois moins poli qu’à l’habi­tude cepen­dant, l’artiste ayant tra­vaillé des effets de matière que l’on pour­rait assi­mi­ler à des stig­ma­tes, quand il ne montre pas des stra­tes de bri­ques mises à nu. La ver­sion en bronze les conserve, mais la patine choi­sie pro­pose une œuvre plus impla­ca­ble encore, puis­que, sous la couche brune, émerge, avec une dis­cré­tion mesu­rée, une couche rouge qui n’est pas sans évoquer le sang versé de mil­liers de Libanais.

Le regar­deur s’inter­roge, car cette cons­truc­tion mono­li­thi­que ne paraît pas sans rap­port avec le désor­mais emblé­ma­ti­que silo à grains du port de Beyrouth, qui, bien que situé près de l’épicentre de l’explo­sion, dresse encore quel­ques pans de murs comme un défi au temps. On sait que le bâti­ment crée un vif débat jusqu’au sein de l’Etat, entre ceux qui vou­draient détruire ce témoi­gnage embar­ras­sant de leur incu­rie et ceux qui, avec les famil­les des vic­ti­mes, sou­hai­te­raient le conser­ver au nom de la mémoire col­lec­tive. Quel que soit le deve­nir de ces ruines, le carac­tère mémo­riel de Li Bayrut, lui, demeu­rera, à la fois comme un hom­mage pétri d’huma­nité et un sym­bole abs­trait de spi­ri­tua­lité.

Copyright © Galerie Claude Lemand 2012.

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