BANKSY, LA CICATRICE DE BETHLEEM.
(franceinfo Culture avec agences. Rédaction CultureFranceTélévisions. 21 Déc 2019).
Le street artiste britannique Banksy expose depuis le 20 décembre une crèche de Noël, emmurée dans l’entrée de l’hôtel Walled-Off de Bethléem, qu’il avait ouvert en 2017 dans la ville palestinienne, et dont les chambres donnent sur le mur érigé par Israël en empiétant sur le territoire palestinien. "La Cicatrice de Bethléem" dénonce l’occupation israélienne de la Cisjordanie, dans la ville symbolique de la naissance de Jésus.
La cicatrice de la honte
Des mini pans de mur, sur lesquels des tags appellent à la paix et à l’amour, servent d’arrière-plan à une crèche posée sur une petite table, avec à son pied des cadeaux. L’impact de l’obus sur le mur fait penser à une étoile au-dessus de Marie, Joseph et Jésus, entourés d’une vache et d’un âne.
Pour le directeur de l’hôtel Wissam Salsaa, "La cicatrice de Bethléem" symbolise une "cicatrice de la honte". "Le mur symbolise la honte pour tous ceux qui soutiennent ce qu’il se passe sur notre terre, tous ceux qui soutiennent l’occupation illégale" par Israël de la Cisjordanie, depuis 1967.
L’Etat hébreu a commencé en 2002 la construction d’une barrière, composée par endroits de blocs de béton de plusieurs mètres de haut, pour se protéger des incursions de Cisjordanie en pleine vague d’attentats palestiniens au cours de la deuxième Intifada (2000-2005). La Cour internationale de justice a déclaré illégale sa construction en 2004.
Israël affirme que la barrière continue de le protéger d’attaques d’assaillants venant de Cisjordanie. Pour les Palestiniens, la barrière est l’un des symboles les plus honnis de l’occupation israélienne.
Pousser les gens à réfléchir
Les conflits, le mur et les Territoires palestiniens sont depuis longtemps une source d’inspiration pour Banksy, rendu célèbre par ses peintures au pochoir dans l’espace public. Avec celle-ci, il contribue "à sa manière" aux festivités de Noël, qui auront lieu la semaine prochaine à Bethléem, ville où est né Jésus selon la tradition chrétienne.
"C’est une façon formidable et différente de parler de Bethléem, pour pousser les gens à réfléchir davantage à la manière dont nous vivons ici", a déclaré M. Salsaa, qui n’était pas en mesure d’indiquer si l’oeuvre était vouée à rester dans son établissement. Banksy "essaye de diffuser la voix des Palestiniens dans le monde à travers l’art et crée un nouveau modèle de résistance grâce à cet art", s’est félicité M. Salsaa.
Récidiviste
L’artiste a commencé à se faire connaître en 2003 en Angleterre par ses graffitis subversifs : gardes royaux en train d’uriner sur un mur, policiers échangeant un baiser passionné. Il s’était déjà rendu à Bethléem en 2007, laissant derrière lui un certain nombre de graffitis sur le mur de sécurité, dont une fillette fouillant au corps un soldat israélien les bras en l’air, son fusil posé à côté de lui.
En 2005, il avait peint neuf pochoirs (une échelle posée sur le mur, une petite fille emportée par des ballons), voulant mettre en évidence l’impact du mur sur la vie des Palestiniens. Le mur de sécurité est devenu à la fois un lieu de protestation et un terrain d’expression politico-artistique. Les fresques qui le recouvrent par endroits en font une attraction pour les touristes.