OEUVRE de la SEMAINE - SARA ABOU MRAD - L’Ensemencement.
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Thierry Savatier, Images de rêves.
La peinture de Sara Abou Mrad traduit l’univers onirique qu’elle s’est créé depuis l’enfance. Ses tableaux font penser à la définition qu’André Breton donnait des « images de rêve » dans son roman Nadja (1928) : « La production des images de rêve dépendant toujours au moins de ce double jeu de glaces, il y a là l’indication du rôle très spécial, sans doute éminemment révélateur, au plus haut degré "surdéterminant" au sens freudien, que sont appelées à jouer certaines impressions très fortes, nullement contaminables de moralité, vraiment ressenties "par-delà le bien et le mal" dans le rêve et, par suite, dans ce qu’on lui oppose sommairement sous le nom de réalité. »
Son univers se rapproche en effet du surréalisme. Cela explique sans doute la présence, dans sa peinture, de références aux grands maîtres (Autoportrait en Vénus, 2021), de flores improbables et parfois inquiétantes, terrestres et aquatiques (La Danse du soir, 2021 ; La Mort dans l’âme, 2021), d’une faune surprenante et parfois hybride (La Toucane, 2021), de symboles religieux - le poisson/Ichthus - ou rituels (L’Ensemencement, 2021 ; Le Masque Toussian), d’anges ou encore d’un être central, sexué, animal anthropomorphe qu’elle nomme « le Lion ». Ses personnages sont en éternel mouvement ; ils évoluent dans le ciel, dans l’eau, défient la gravité. Sa palette est vive, mais réserve au regardeur des nuances, des jeux de transparence semblables à ceux de l’aquarelle.