NADIA SAIKALI, ESPACES INTEMPORELS, EXPRESSIONS ABSTRAITES.
Gérard Xuriguera, Nadia Saikali.
Nourri de réminiscences scellées au Moyen-Orient, éxalté par la lumière méditerranéenne et tempéré par la mesure française, se dessine un art d’essence européenne, malgré d’inévitables connotations. Un art infiniment nuancé, composé de trames parcheminées et de respirations feutrées, de biffures et de frottis estompés, de césures et d’ouvertures rétrécies, stabilisés par des verticales innervées dans la fluidité des textures ou, comme plus récemment, conçu de plans étagés interdépendants, sur lesquels se greffent des méta-signes et des idéogrammes hachés de réserves, monde fluide et compact, tantôt sévère et ombrageux, tantôt vivement coloré, toujours harmonieux.
Si l’appel à l’errance du geste, à l’intuition, sont ici revendiqués, par opposition à la construction érigée en dogme, ils s’accompagnent cependant d’un contrôle vigilant de la pensée, exercice spirituel qui associe lyrisme et architectural, dans une synthèse limitant les jeux du hasard et gommant les nostalgies inopportunes.
Ainsi la mise en équation peinture-mémoire, autrement dit le rapport au vécu, suscite chez Nadia Saïkali l’émergence d’une réalité humaine qui surgit d’un abandon réfléchi où le tressage modulé des compénétrations chromatiques et graphiques véhicule une sémantique issue des profondeurs de la conscience.
Mais au-delà des mots, ce qui reste de cette approche, c’est le plaisir évident de peindre, de suggérer des émotions et des sentiments par des signes imperceptibles, au fil desquels se profilent des racines, une histoire, une expérience parvenue à maturité, dont on saisira le sens plénier en sachant faire le silence en soi.