BENANTEUR, PAYSAGES AU-DELA DU PAYSAGE. PEINTURES DES ANNEES 90.

Du 18 septembre au 31 octobre 2013 - Galerie Claude Lemand

  • Benanteur, Soleil couchant

    Soleil couchant, 1994. Huile sur toile, 114 x 146 cm. Monographie page 181. Donation Claude & France Lemand. Musée, Institut du monde arabe, Paris. © Abdallah Benanteur. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • Benanteur, Monticules.

    Monticules, 1996. Huile sur toile, 60 x 60 cm. © Succession Abdallah Benanteur. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • Benanteur, Méditerranéens

    Méditerranéens, 1992. Huile sur toile, 130 x 162 cm. Monographie page 159. Donation Claude & France Lemand. Musée, Institut du monde arabe, Paris. © Abdallah Benanteur. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

  • Benanteur, L’attente.

    L'attente, 1993. Huile sur toile, 89 x 116 cm. Monographie page 170. © Abdallah Benanteur. Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris.

PROLOGUE . Textes par Marc Hérissé

Entre abs­trac­tion et figu­ra­tion, elles sont magi­ques ces toiles de Benanteur. Transparentes, iri­sées de cou­leurs mul­ti­ples et tou­jours assor­ties de pris­ma­ti­sa­tions raf­fi­nées, elles évoquent, sans les repré­sen­ter vrai­ment, les vastes espa­ces de la Bretagne, de la mer ou des déserts dans les­quels ce pein­tre a pu rêver durant sa jeu­nesse algé­rienne. La poésie est cons­tante dans l’uni­vers noble et sin­gu­lier de cet artiste dont Youri écrit si jus­te­ment : « Magnifiquement seul, à l’écart des grou­pes et des modes, il invente son espace, crée son propre temps. »

Encore abs­trai­tes, les œuvres des années 80 que pro­pose ce très grand artiste éblouissent avec leurs par­ti­cu­les de lumiè­res éclatées. Nous sommes ici au cœur d’un véri­ta­ble impres­sion­nisme hors de toute figu­ra­tion, cette figu­ra­tion que le pein­tre a décou­verte par la suite et qu’il sait expri­mer de façon allu­sive et si sen­si­ble depuis ses voya­ges en Italie. Est-ce dire que je pré­fère telle période à telle autre ? Non. J’aime Benanteur en bloc, pour cette superbe touche alvéo­lée qui fait éclater toutes les iri­sa­tions du prisme.

D’année en année, l’artiste algé­rien, né en 1931, m’éblouit davan­tage par une maî­trise sans cesse accrue. Ce pein­tre, qui sait de façon superbe opérer la syn­thèse entre figu­ra­tion et abs­trac­tion, nous jette à la face deux immen­ses polyp­ty­ques qu’il a sim­ple­ment et énigmatiquement inti­tu­lés Triomphe. Sur ces œuvres, qui peu­vent appa­raî­tre à cer­tains comme un assem­blage har­mo­nieux de cou­leurs, on peut cepen­dant déce­ler si on le veut toute une armée venue de l’ombre. Dans les limbes de ce pan­théon per­son­nel figu­rent et dis­pa­rais­sent à la fois ici Rembrandt ou Rubens, là les amis vivants ou morts sta­tu­fiés pour l’éternité, là encore une déesse-mère tuté­laire et nimbée de clarté lunaire. On peut lire également de vastes pay­sa­ges où l’on peut se trou­ver et se perdre. Avec tou­jours les mêmes flui­di­tés d’aqua­rel­les, les mêmes glacis légers, la touche a pris de l’ampleur, et sous les trans­pa­ren­ces dia­pha­nes, la lumière sourd encore comme d’un soleil en gloire.

La nos­tal­gie des hori­zons perdus, si elle reste sous-jacente dans ces « Pays - Paysages » que nous offre le grand pein­tre algé­rien, n’est qu’une des com­po­san­tes de son uni­vers. Sa superbe pein­ture, de carac­tère uni­ver­sel, ne sau­rait se limi­ter à ce regard récur­rent sur les seuls envi­rons de Mostaganem. Ils ne sont que le point de départ d’une errance dans laquelle l’artiste nous entraîne avec lui. Le regard vacille sans cesse, émerveillé, ne sachant dis­cer­ner l’abs­trait du figuré, chaque toile, d’une seconde à l’autre, pou­vant sus­ci­ter une vision nou­velle : ainsi se révèle-t-elle mul­ti­ple, poly­mor­phe, créa­trice de mys­tère, comme toutes les gran­des œuvres qui, qu’elles soient dra­ma­ti­ques, sym­pho­ni­ques, poé­ti­ques ou lit­té­rai­res, sont si riches que l’on peut soi-même les déchif­frer et les inter­pré­ter de façons diver­ses. Ici, les tondos, pré­sen­tés parmi les gran­des toiles car­rées, ne sont pas diver­tis­se­ments d’esthète, mais foca­li­sa­tion, sym­bole du regard et de l’iris qu’il tra­verse. La palette est irisée, dia­prée, aérienne, vibrante de trans­pa­ren­ces, au sein d’un geste sûr, magis­tral, poé­ti­que et viril. Les trouées de lumière, solai­res ou ora­geu­ses, vous entraî­nent au-delà même des limi­tes du tableau. Devant ces fré­mis­se­ments de lumière, le sou­ve­nir de Turner s’empare de vous. C’est pour­tant un autre monde, mais c’est bien la même magie.

Publications dis­po­ni­bles :
- BENANTEUR, Monographie Volume 1. Peintures.
- BENANTEUR, Monographie Volume 2. Oeuvres gra­phi­ques

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