Ribal Molaeb

Biographie.

Né à Baysour au Liban en 1992, Ribal Molaeb est parti en Autriche à l’âge de 17 ans pour étudier à l’Université Mozart de Salzbourg, puis à Vienne pour obte­nir sa maî­trise de l’University for Music and Performing Arts. Il est aussi direc­teur artis­ti­que de Sumito, une asso­cia­tion pour l’art et la musi­que en Suisse. Au Liban, il est le pré­si­dent du Musée d’art Molaeb ainsi que le fon­da­teur du Festival Molaeb pour la musi­que de cham­bre et des beaux-arts. Ses pein­tu­res ont été expo­sées à Amsterdam, Vienne, Zurich, Beyrouth et Paris.
___

"Et cer­tains autres tableaux sont comme La Mer de Debussy, tandis que pour d’autres, je pense qu’il y a une touche wag­né­rienne. Chaque pein­tre peint sa propre cos­mo­go­nie." (Ribal Molaeb)
___

Molaeb : La pein­ture, c’est ma langue mater­nelle
OLJ / Par Edgar DAVIDIAN, le 13 mai 2021.

Comme une valse à trois temps, les dix-sept huiles de l’artiste font un heu­reux voyage entre Beyrouth, Zurich et Vienne, trois villes aimées où il a res­pec­ti­ve­ment vécu. Coup de pro­jec­teur sur une œuvre pic­tu­rale ori­gi­nale et maî­tri­sée à tra­vers les per­ti­nen­tes confi­den­ces d’un pein­tre doublé d’un musi­cien altiste haut de gamme...

De Beyrouth à Zurich où il vit actuel­le­ment, en pas­sant par Vienne où il a fait ses études musi­ca­les, les toiles voya­geu­ses de Ribal Molaeb s’ins­tal­lent jusqu’au 25 juin sur les cimai­ses de la gale­rie Janine Rubeiz. Des toiles à la res­pi­ra­tion tran­quille, aux tona­li­tés fran­ches et à la lumière vive. Une lumière qui riva­lise avec l’azur qui se reflète dans la ver­rière au-dessus de cet espace har­mo­nieux situé à Raouché, face à la Méditerranée.

Après plu­sieurs accro­cha­ges col­lec­tifs dans cette même gale­rie, il s’agit là de la pre­mière expo­si­tion indi­vi­duelle de Ribal Molaeb. Ce jeune homme né en 1992 à Baïssour fut repéré durant son ado­les­cence et révélé à la musi­que pour son talent pré­coce par Daniel Barenboïm et à la pein­ture par son père Jamil Molaeb, l’un des plus influents patriar­ches de la pein­ture au Liban et au Moyen-Orient. « En ces moments de pan­dé­mie, la nature nous a forcés à réduire le rythme et à regar­der plus en pro­fon­deur en nous-mêmes, estime Ribal Molaeb. Cette situa­tion de confi­ne­ment m’a donné l’espace et le temps pour réflé­chir et tra­vailler. J’ai réa­lisé comme l’être humain peut être fra­gile et com­bien la vie est courte ! Tout l’été, je me suis réfu­gié dans la pein­ture, ma langue mater­nelle, car la musi­que est ma seconde langue. »

Dans son studio à Zurich où il vit actuel­le­ment, le jeune homme peint tous les jours. Sans aucune excep­tion. « J’en ai conclu que je suis né pour pein­dre et que c’est là où je devrais m’inves­tir… », avance-t-il. « Peindre est une chose que j’ai pra­ti­quée depuis ma plus tendre enfance. En vivant dans l’ate­lier de mon père, et en l’assis­tant, j’ai tout appris du métier en le regar­dant faire… », ajoute Ribal Molaeb.

En fouillant du regard ces toiles exclu­si­ve­ment réa­li­sées à l’huile, radieu­ses dans leur mou­ve­ment serein, gra­cieux et sans heurts, on s’inter­roge sur l’ori­gine de son ins­pi­ra­tion. « J’ai un besoin jour­na­lier pour “créer”, répond le jeune artiste. C’est pour cela que je peins quo­ti­dien­ne­ment. Je n’attends pas l’ins­pi­ra­tion. Je n’ai pas besoin d’éléments exté­rieurs pour m’ins­pi­rer. Je peux aisé­ment pein­dre la mer Méditerranée quand je tra­vaille dans mon ate­lier à Zurich. Bien entendu, je conti­nue aussi ma vie en tant qu’altiste mais c’est en pei­gnant que j’ai une totale auto­rité sur mon tra­vail. Le pein­tre suisse Paul Klee, qui était un vio­lo­niste accom­pli, me vient à l’esprit. Il y a une orien­ta­tion musi­cale, dans ses aspects de ryth­mes et de mélo­dies, dans plu­sieurs de ses pein­tu­res. Longtemps il est resté indé­cis pour savoir s’il allait deve­nir pein­tre ou musi­cien… », sou­li­gne Molaeb. Une atmo­sphère insai­sis­sa­ble, une struc­ture pré­cise, une har­mo­nie et un jeu de tona­li­tés contras­tées émanent de ces œuvres aux dimen­sions moyen­nes (50 x 60 cm) avec quel­ques grands for­mats (150 x 110 cm), à tra­vers ce doux mélange de cour­bes, de carrés, de rec­tan­gles ou de lignes sinueu­ses aux tracés bleu indigo ou cobalt, de jaune soleil ou paille, de rouge ardoise ou ver­meil. Un ensem­ble qui tisse et lie une nar­ra­tion libre, feu­trée et fluide. « Il y a une foca­li­sa­tion pour créer une har­mo­nie géné­rale d’une humeur, d’une atmo­sphère, expli­que clai­re­ment Ribal Molaeb. Ma pein­ture, c’est comme la gas­tro­no­mie liba­naise. Il y a dif­fé­rents plats sur la table."

Elles sou­rient au spec­ta­teur
Si la notion de bon­heur, de joie et de conten­te­ment est dif­fu­sée à tra­vers ces huiles rayon­nan­tes et éthérées qui sou­rient au spec­ta­teur, l’artiste est tou­jours tour­menté pour ne pas dire tiraillé entre ses deux pas­sions créa­tri­ces, la pein­ture et la musi­que. Et il va plus en pro­fon­deur dans son ana­lyse en décla­rant : « J’ai beau­coup appris com­ment pein­dre tandis que je pense tou­jours en tant que musi­cien. Mon tra­vail est devenu une sorte de poésie méta­phy­si­que. Car je mesure aujourd’hui com­bien de dimen­sions je peux saisir et expri­mer à tra­vers les formes et les cou­leurs… Quel monde invi­si­ble je peux créer en sug­gé­rant la joie, le sou­rire ou le bon­heur tandis que les larmes, la tris­tesse et la mélan­co­lie sont là, mais soi­gneu­se­ment cachées, camou­flées… » « Une pein­ture, c’est aussi un exil, conclut Ribal Molaeb. C’est un monde que j’ai créé pour y vivre. C’est pour­quoi, tout comme en musi­que, je me concen­tre sur l’har­mo­nie… ».

L’expo­si­tion « Vienna. Zurich. Beirut », des huiles de Ribal Molaeb, à la gale­rie Janine Rubeiz, Raouché.

Copyright © Galerie Claude Lemand 2012.

Réalisation :: www.arterrien.com