Pat Andrea

Pat Andrea.

Peintre et sculp­teur néer­lan­dais, naît en 1942 à La Haye, de l’illus­tra­trice Metti Naezer et du pein­tre Kees Andrea. Il est l’un des repré­sen­tants de la Nouvelle Subjectivité.

De 1960 à 1965, il étudie à l’Académie royale des Beaux-Arts de La Haye. Soutenu par Jean Clair, il expose à Paris pour la pre­mière fois en 1976. L’année sui­vante, le célè­bre cri­ti­que l’invite à nou­veau pour l’expo­si­tion “La nou­velle sub­jec­ti­vité” au Festival d’automne avec, notam­ment, Jim Dine, Ronald B. Kitaj, David Hockney, Sam Szafran, Raymond Mason. Ces artis­tes inter­na­tio­naux par­ta­gent la même appro­che en pro­po­sant une image dif­fé­rente de la réa­lité. Il voyage en Amérique Latine et séjourne régu­liè­re­ment à Buenos Aires. À partir de 1989, il exé­cute ses pre­miè­res sculp­tu­res. Il ensei­gne à l’École natio­nale supé­rieure des Beaux-Arts de Paris de 1998 à 2007. En 2002, il est élu membre cor­res­pon­dant à l’Académie des Beaux-Arts.

A partir de 2003 et à la demande de l’éditrice Diane de Selliers, il com­mence à tra­vailler à l’illus­tra­tion de deux contes de Lewis Carroll : Alice au pays des mer­veilles et De l’autre côté du miroir. La paru­tion de l’ouvrage en 2006 est suivie, les années sui­van­tes, de nom­breu­ses expo­si­tions de ces séries d’oeu­vres.

L’oeuvre de Pat Andrea met en scène de grands per­son­na­ges érotiques et inquié­tants, sou­vent fémi­nins. On y retrouve ses thèmes favo­ris : le sexe, la vio­lence et la mort. Ses pein­tu­res sont un huis clos inquié­tant entre des femmes et des hommes nus, des figu­res chan­ce­lan­tes et angois­sées. La scène se déroule habi­tuel­le­ment dans une pièce aux traits géo­mé­tri­ques, une cham­bre, un esca­lier... Pas de pay­sa­ges car, pour l’artiste, "les pay­sa­ges défont les rela­tions humai­nes, je pré­fère les huis clos". La figure du chien est également omni­pré­sente dans son oeuvre. Se situant lui-même “entre Bacon et Balthus”, Pat Andrea a déve­loppé une oeuvre créant un uni­vers immé­dia­te­ment reconnais­sa­ble, issu d’une vision figu­ra­tive alter­na­tive.


Citations de Pat Andrea. Entretien avec Jacques Henric.

- L’homme bouge, l’homme pense, l’homme est aussi la proie de pul­sions sexuel­les. Comment ne pas les pren­dre en compte ?

- J’ai gardé le sou­ve­nir vivace d’une femme qui m’a séduit en dan­sant devant moi sans culotte. Sa jupe qui tour­nait, volait, c’était magni­fi­que ! Une image comme celle-ci est tel­le­ment forte qu’elle revient sans cesse dans mon tra­vail. Cette insis­tance sur l’érotisme vient peut-être chez moi de l’éducation, et du besoin d’en pren­dre le contre-pied.

- J’ai com­mencé par ajou­ter des chiens, sui­vant une démar­che un peu mon­dria­nes­que. Je des­si­nais ver­ti­ca­le­ment les per­son­na­ges, qui n’étaient pas encore coupés ni refaits, et les chiens appor­taient une hori­zon­ta­lité au tableau. Je les uti­li­sais donc for­mel­le­ment. Ils appor­taient aussi beau­coup de mou­ve­ments. Le moment le plus beau pour moi était quand le chien deve­nait tel­le­ment fou qu’il ne voyait plus où il cou­rait et qu’il pous­sait vio­lem­ment une femme pour la faire chuter.

- La forme est très impor­tante pour moi. D’où ma pas­sion pour le dessin. Certes, la pein­ture, les cou­leurs, tout ça est magni­fi­que, mais à mes yeux, c’est pres­que du super­flu. Quand on des­sine, avec quel­ques lignes noires on peut tout figu­rer, tout mon­trer. C’est un tour de force que de s’astrein­dre à faire abs­trac­tion des cou­leurs, des tona­li­tés, des ques­tions d’espace, et de tout raconter à l’aide d’une simple ligne. Faire naître le monde par la force d’une ligne... C’est autre­ment plus fort, et plus effi­cace que toutes les pho­to­gra­phies qui sont impuis­san­tes à livrer le sens caché de la réa­lité.

- Ce que je veux, c’est saisir des images qui ten­tent de riva­li­ser avec celles de pein­tres que j’admire, je pense par exem­ple aux Primitifs fla­mands comme Van Eyck, Van der Weyden, ou à Goya. Très tôt, j’ai peint des per­son­na­ges en proie à de peti­tes catas­tro­phes dans l’espace. Il s’agis­sait de gens qui per­daient l’équilibre, qui tom­baient ou lais­saient choir quel­que objet, qui étaient agres­sés par un chien, qui fuyaient de peur... Ce qui m’inté­resse et que je cher­che à res­ti­tuer sur la toile ou le papier, c’est tou­jours le moment où une situa­tion change, se ren­verse, l’ins­tant où quel­que chose bas­cule et pro­vo­que un nouvel état des choses et des êtres. Il me faut, par­tant de modè­les anciens, pro­duire des images réso­lu­ment moder­nes.

- Je pense que for­mel­le­ment mon tra­vail n’a jamais connu de cou­pu­res. De 1963, date à laquelle j’ai reçu mon pre­mier grand prix (celui de l’Académie Royale), jusqu’à main­te­nant, j’ai déve­loppé une figu­ra­tion qui au départ se veut réa­liste mais s’avère vite ne pou­voir l’être. Le réa­lisme très poussé, que l’on trouve notam­ment dans les écoles de pein­ture hol­lan­daise, ce n’est pas ce que je sou­hai­tais faire. De ce point de vue, je me sens assez proche d’un Max Beckmann, pour moi l’un des très grands pein­tres du XXe siècle, lui aussi admi­ra­tif des anciens, ou d’Otto Dix.


Oeuvres dans les Collections publi­ques :

Haags Gemeentemuseum, La Haye
Boymans van Beuningen, Rotterdam
MMKA, Arnhem
Museum of Moderm Art (MoMa), New York
Centre Georges Pompidou, Paris
Fondation Maeght, St-Paul-de-Vence
Museum Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires
Maam, Maldonado
Musée d’Art Moderne, Liège
Stedelijk Museum, Amsterdam
Instituut Collectie Nederland (ICN), Amsterdam
FNAC, París
Nederlands Textiel Museum, Tilburg
Stedelijk Museum, Schiedam
Musée Olympique, Lausanne
Museum of Modern Art, Belgrade
Museum Frisiras, Athènes
Musée des Beaux-Arts, Calais
Scheringa Museum voor Realisme, Spanbroek
MAMAC, Nice
MACUF, La Coruna

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